Libéré dix ans après sa retraite prévue, Hayao Miyazaki a fait Le garçon et le héron à 82 ans. Le film ambitieux parcourt un territoire familier alors qu’un jeune garçon part en voyage dans un monde fantastique aux couleurs vives où les vivants et les morts vivent en harmonie (et il y a aussi une armée de perruches ressemblant à des humains). Se déroulant dans le Japon des années 40, le film met en scène Mahito, 12 ans, qui pleure la mort de sa mère dans l’incendie d’un hôpital après un bombardement de Tokyo par les Alliés.
Miyazaki affronte cet événement dévastateur dans une séquence de flashback poignante, sur un fond presque noir, avec d’énormes boules de feu pleuvant sur la ville – cela ressemble à l’enfer sur Terre. Miyazaki utilise un style d’animation flou, semblable à un croquis, pour évoquer la douleur de la mémoire de Mahito. C’est une manière très viscérale de confronter le public à la douleur et à la dévastation de la guerre, en montrant à quel point le traumatisme vit à jamais chez les victimes, en particulier les jeunes.
Le chagrin de Mahito lui permet de se laisser facilement escroquer par un oiseau mystérieux, exprimé par un Robert Pattinson grave, qui promet de le réunir avec sa mère. Alors que Le garçon et le héron explore les idées de chagrin, d’héritage et de famille – qui semblent particulièrement poignantes de la part d’un cinéaste plus âgé – l’histoire ne se déroule pas autant que dans les autres films de Miyazaki, et le monde fantastique n’est pas aussi frappant.