Les gouvernements européens sont confrontés à une question urgente : comment stimuler la croissance économique et renforcer la compétitivité de la région. Un moyen crucial pour y parvenir est d’exploiter l’intelligence artificielle (IA) au service de la croissance.
Un nouveau rapport du groupe Implement Consulting, commandé par Google, estime que l’IA générative pourrait ajouter entre 1 200 et 1 400 milliards d’euros au PIB de l’UE en dix ans, soit un taux de croissance annuel de 8 %. Le rapport souligne également comment l’IA peut augmenter considérablement la productivité dans divers secteurs.
Cette capacité de l’IA générative à stimuler la croissance économique et la compétitivité est particulièrement cruciale pour l’Europe. Selon le nouveau rapport de Mario Draghi, la compétitivité de l’Europe a chuté au cours des dernières décennies : la part de l’UE dans le PIB mondial est passée de plus d’un quart en 1980 à seulement 17 % aujourd’hui. La productivité des États-Unis a dépassé celle de l’UE de 20 % en 2022.
Mais ce rapport ne se limite pas aux mesures économiques : il examine comment l’IA peut aider les gens à être plus productifs, stimuler la croissance et soutenir les emplois durables de demain. 74 % des travailleurs européens constatent les effets de l’IA générative sur l’amélioration de la productivité, et 43 % s’attendent à ce que l’IA ait un impact positif sur leur travail. Le rapport estime que la majorité (61 %) des emplois seront augmentés par l’IA générative, tandis qu’environ 7 % feront face à une transition vers l’automatisation. Comme lors des transitions précédentes, telles que l’avènement de l’aviation commerciale ou du Web mondial, de nouvelles industries et carrières seront créées grâce aux avancées technologiques de l’IA. Cet impact peut se faire sentir dans toute la société – depuis l’amélioration des services publics jusqu’à la réalisation de percées scientifiques et la réduction des pénuries de main-d’œuvre en libérant des ressources et en augmentant la productivité.
Le retard de productivité en Europe est largement dû au ralentissement du développement, de l’innovation et de l’adoption technologiques. Comme le dit Mario Draghi, « alors que le monde est à l’aube d’une révolution de l’IA, l’Europe ne peut pas se permettre de rester coincée dans les technologies et industries intermédiaires du siècle précédent ». Pour rattraper son retard, l’UE doit libérer son potentiel d’innovation.
Un nouvel agenda pour une croissance soutenue par l’IA
C’est pourquoi, en plus de notre rapport économique, nous publions également notre Programme d’opportunités en IA : une série de recommandations destinées aux gouvernements pour exploiter tout le potentiel économique et sociétal de l’IA. Le programme souligne la nécessité de revoir la stratégie européenne en matière de main-d’œuvre, ainsi que d’investir dans l’infrastructure, la recherche, l’adoption et l’accessibilité de l’IA.
1. Investir dans la recherche et le développement
Pour que l’UE soit véritablement compétitive dans le domaine de l’IA, elle doit faire de la recherche et du développement une priorité commune et rendre le financement plus accessible. Sans les incitations adéquates pour développer et commercialiser l’innovation en matière d’IA, l’Europe étouffe son talent et ses chances de lancer davantage de licornes technologiques locales.
2. Construire des infrastructures pour soutenir l’innovation
Les percées en matière d’IA ne sont possibles qu’avec les technologies de calcul haute performance et les centres de données appropriés, ainsi que l’énergie renouvelable pour les soutenir. Pour permettre l’innovation en IA à grande échelle, l’UE devra allouer davantage de fonds au financement de ces infrastructures et inciter le secteur privé à faire de même.
3. Améliorer les compétences et les programmes de formation
La croissance technologique ne sera pas efficace si les gens sont laissés pour compte. Compte tenu de sa diversité, l’UE doit veiller à ce que la technologie profite à chaque entreprise, économie et personne. Pour ce faire, elle doit accélérer la transformation des compétences numériques, en plaçant les compétences et l’éducation en matière d’IA au centre d’une stratégie européenne en matière de compétences revitalisée – et en les ajoutant aux programmes scolaires.
4. Promouvoir une adoption généralisée
Nous devons veiller à ce que l’IA soit appliquée et déployée de manière universellement accessible et utile. Pour le secteur privé, les décideurs politiques de l’UE et les développeurs d’IA doivent travailler ensemble pour élaborer des stratégies de sensibilisation auprès des industries traditionnelles et des petites entreprises qui ont beaucoup à gagner de l’adoption de l’IA. Pour le secteur public, les États membres doivent redoubler d’efforts sur les initiatives existantes pour accroître les marchés publics en matière d’IA et élaborer des objectifs d’adoption de l’IA plus audacieux.
Passer à l’action
L’élaboration de bonnes politiques et d’une IA responsable nécessitera une coordination étroite entre les gouvernements, le secteur privé, le monde universitaire et la société civile. Grâce à notre Initiative d’opportunités en IA et à d’autres partenariats, nous nous engageons à travailler avec d’autres pour y parvenir. Mais, comme l’a souligné Mario Draghi, des changements sont également nécessaires dans l’environnement réglementaire. Depuis 2019, l’UE a introduit plus de 100 textes législatifs ayant un impact sur l’économie et la société numériques. Ce n’est pas seulement le nombre de réglementations qui constitue le défi : c’est aussi leur complexité. Abandonner l’approche réglementaire d’abord peut contribuer à libérer les opportunités de l’IA.
À bien des égards, l’Europe est bien placée pour saisir cette opportunité. L’IA a le potentiel de nous aider à bâtir une société meilleure, plus juste et plus saine – et de soutenir la compétitivité et une croissance inclusive.