Une nouvelle stratégie pour faire face au stress émotionnel | Actualités du MIT

Une nouvelle stratégie pour faire face au stress émotionnel |  Actualités du MIT

Certaines personnes, notamment dans la fonction publique, accomplissent des exploits admirables : pensez aux agents de santé qui luttent pour maintenir les patients en vie ou aux premiers intervenants arrivant sur les lieux d’un accident de voiture. Mais le poids émotionnel peut devenir un fardeau mental. Des recherches ont montré que le personnel d’urgence court un risque élevé de problèmes de santé mentale comme le trouble de stress post-traumatique. Comment les gens peuvent-ils vivre des expériences aussi stressantes tout en maintenant leur bien-être ?

Une nouvelle étude du McGovern Institute for Brain Research du MIT a révélé qu’une stratégie cognitive axée sur le bien social peut être efficace pour aider les gens à faire face à des événements pénibles. L’équipe de recherche a découvert que l’approche était comparable à une autre stratégie bien établie de régulation des émotions, ouvrant ainsi la voie à un nouvel outil pour faire face à des situations très défavorables.

« La façon dont vous pensez peut améliorer ce que vous ressentez », déclare Jean-Gabriel, professeur Grover Hermann des sciences et technologies de la santé et professeur de sciences du cerveau et des sciences cognitives au MIT, qui est l’un des auteurs principaux de l’article. « Cette recherche suggère que l’approche du bien social pourrait être particulièrement utile pour améliorer le bien-être des personnes constamment exposées à des événements émotionnellement éprouvants. »

L’étude, publiée aujourd’hui dans PLOS ONE, est la première à examiner l’efficacité de cette stratégie cognitive. Nancy Tsai, postdoctorante en Le laboratoire de Gabrieli au McGovern Institute, est l’auteur principal de l’article.

Outils de régulation des émotions

La régulation des émotions est la capacité de recadrer mentalement la façon dont nous ressentons nos émotions – une compétence essentielle au maintien d’une bonne santé mentale. Cela peut permettre de se sentir mieux face à des événements indésirables, et il a été démontré que la régulation des émotions améliore les résultats émotionnels, sociaux, cognitifs et physiologiques tout au long de la vie.

Une stratégie de régulation des émotions est la « distanciation », où une personne fait face à un événement négatif en l’imaginant se produisant loin, il y a longtemps ou du point de vue d’une troisième personne. La distance est bien documentée comme un outil cognitif utile, mais elle peut être moins efficace dans certaines situations, en particulier celles qui sont socialement chargées – comme un pompier sauvant une famille d’une maison en feu. Plutôt que de prendre ses distances, une personne peut être obligée de s’engager directement dans la situation.

« Dans ces cas-là, l’approche du « bien social » peut constituer une alternative puissante », estime Tsai. « Lorsqu’une personne utilise la méthode du bien social, elle considère une situation négative comme une opportunité d’aider les autres ou de prévenir d’autres dommages. » Par exemple, un pompier en détresse émotionnelle pourrait se concentrer sur le fait que son travail lui permet de sauver des vies. L’idée n’avait pas encore été étayée par une enquête scientifique, alors Tsai et son équipe, aux côtés de Gabrieli, ont vu une opportunité d’examiner rigoureusement cette stratégie.

Une étude inédite

Les chercheurs du MIT ont recruté une cohorte d’adultes et leur ont demandé de remplir un questionnaire pour recueillir des informations, notamment sur les données démographiques, les traits de personnalité et le bien-être actuel, ainsi que sur la manière dont ils régulaient leurs émotions et géraient le stress. La cohorte a été divisée au hasard en deux groupes : un groupe de distanciation et un groupe de bien social. Dans l’étude en ligne, chaque groupe a vu une série d’images soit neutres (comme des fruits), soit contenant un contenu très aversif (comme des blessures corporelles). Les participants étaient pleinement informés des types d’images qu’ils pouvaient voir et pouvaient se retirer de l’étude à tout moment.

Il a été demandé à chaque groupe d’utiliser la stratégie cognitive qui lui avait été assignée pour répondre à la moitié des images négatives. Par exemple, en regardant une image angoissante, une personne du groupe éloigné aurait pu imaginer qu’il s’agissait d’une capture d’écran d’un film. À l’inverse, un sujet du groupe du bien social aurait pu réagir à l’image en imaginant qu’il était un premier intervenant sauvant les gens du mal. Pour l’autre moitié des images négatives, il a été demandé aux participants de se contenter de les regarder et de prêter une attention particulière à leurs émotions. Les chercheurs ont demandé aux participants comment ils se sentaient après la visualisation de chaque image.

Le bien social comme stratégie puissante

L’équipe du MIT a découvert que les approches de distanciation et de bien social contribuaient à diminuer les émotions négatives. Les participants ont déclaré se sentir mieux lorsqu’ils utilisaient ces stratégies après avoir visionné du contenu indésirable que lorsqu’ils ne l’avaient pas fait, et ont déclaré que les deux stratégies étaient faciles à mettre en œuvre.

Les résultats ont également révélé que, dans l’ensemble, la distance produisait un effet plus fort. Mais surtout, Tsai et Gabrieli estiment que cette étude offre des preuves irréfutables du bien social en tant que méthode puissante mieux adaptée aux situations où les gens ne peuvent pas prendre leurs distances, comme sauver quelqu’un d’un accident de voiture. « Le bien social peut être particulièrement utile dans des contextes où il est impossible de se détacher émotionnellement », note Tsai. De plus, l’équipe a découvert que les personnes qui utilisaient avec le plus de succès l’approche du bien social étaient plus susceptibles de considérer le stress comme un facteur d’amélioration plutôt que de débilitant. Tsai dit que ce lien pourrait indiquer des mécanismes psychologiques qui sous-tendent à la fois la régulation des émotions et la façon dont les gens réagissent au stress.

De plus, les résultats ont montré que les adultes plus âgés utilisaient les stratégies cognitives plus efficacement que les adultes plus jeunes. L’équipe soupçonne que cela est probablement dû au fait que, comme l’ont montré des recherches antérieures, les personnes âgées sont plus aptes à réguler leurs émotions, probablement en raison de leurs expériences de vie plus nombreuses. Les auteurs notent qu’une régulation réussie des émotions nécessite également une flexibilité cognitive ou un état d’esprit malléable pour bien s’adapter à différentes situations.

« Cela ne veut pas dire que les gens, comme les médecins, devraient recadrer leurs émotions au point de se détacher complètement des situations négatives », explique Gabrieli. « Mais notre étude montre que l’approche du bien social peut être une stratégie puissante pour lutter contre les immenses exigences émotionnelles de certaines professions. »

L’équipe du MIT affirme que de futures études sont nécessaires pour valider davantage ce travail et que ces recherches sont prometteuses dans la mesure où elles peuvent découvrir de nouveaux outils cognitifs permettant aux individus de prendre soin d’eux-mêmes tout en relevant courageusement le défi de prendre soin des autres.

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